Les Jeux de la Copule

dec 2014

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Juste une affaire de quelques précieuses minutes, a couple minutes of your time. Mais pas pour eux. Novembre, Décembre, deux mois, a couple of months, mois des couples dans le sous-continent. Ce weekend, plusieurs de mes amis se marient. A couple. Of Couples. Deux. Deux couples. Deux fois accouplés, ‘fastened together‘, ‘attachés ensemble’ (Latin: co-apere), ensemble respectivement, l’un à l’autre. Mais ensemble, les quatre, le même weekend. Et, eux tous, rejoignant l’ensemble des temps et de l’histoire humaine – acceptant, dans la folie de quelques déclarations, of a couple statements, prononcés sur quelques secondes, in a couple of seconds, d’être rapidement rattachés à une série de liaisons, une histoire des ensembles : la lignée des mariages, origine de toutes les lignées. Acceptant, décidant, promettant de, toujours, doucement, patiemment, continuer à fastening their eyes on one another, à poser leurs regards sur l’un l’autre, mais aussi à fasten care upon the loved one, à assurer le soin de l’aimé(e), pendant les décennies, et not too fast, pas trop vite, pas seulement pour a couple of months, quelques mois, quelques années. A couple of ‘yes’, deux ‘oui’, dits in a couple of languages, dans deux langues, juste deux jours, et à mille kilomètres l’un de l’autre. Deux couples présentant la prouesse du coming-together, de l’alliance – deux deux devenant un, mais aussi deux devenir-uns, l’un dans les halls lumineux de l’élite Hindou de Kathmandou, l’autre dans les bureaux séculaires anti-climactic de la court des marriages mixed de South Delhi – deux devenir-un semblant tout sauf similaire, oui, mais tous deux également une même chose : un marriage. Two couples of friends are getting married this weekend.

Marriage – voilà une possible direction pour l’ ‘au-delà du baiser‘. Hier soir, enterrement de vie de garçon non-assumée et informelle, alors que je suis allé avec T, l’un des quatre protagonistes sus-mentionnés, affirm-acteurs, dans le quartier [quarter] divertissement de la ville pour une dernière provocation, un ultime avertissement involontaire : le dernier David Fincher. Le réalisateur de Seven et dix autres films gave no quarter, n’a pas fait de quartier à mon partenaire. Une Amy Dunne créativement délirante, subjuguemment manipulative, l’annonce dur et tranchant :

Je vais décider de croire que mon mari m’aime…
mais je pourrais avoir tort.

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Pas de place pour les adjurations, pas de patience pour l’impatience : Amy repère l’horizon infini d’un futur de performance –
I will practice believing…”,
Je pratiquerai la croyance…

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Pas de place pour les adjurations, pas de patience pour l’impatience : Amy repère l’horizon infini d’un futur de performance – “I will practice believing…”, “Je pratiquerai la croyance…” Un mariage, un changement de deux identités pour a couple of persons, deux personnes, deux personas, deux “personages in a play, dans une pièce”. L’affirmation du mariage, le “oui” de l’acte, levant les rideaux, ou, comme le disent le Français, “tapant des trois coups” ouvrant all play, toute pièce. Gone Girl est clairement un film joueur, et un film sur le jeu. “Donne moi une minute – Je n’arrive pas vraiment à y donner sens pour l’instant,” dit T alors que les credits, le générique commence à cascader. “C’était un jeu long et tordu, quel sens y aurait-il à trouver ?“, je réponds. Fincher prend deux heures et les trois quarts d’une autre pour atteindre thriller, comédie et, simplement, le mind-jumbling, l’âme-troublant d’une histoire de tromperie, de manipulation, de violence maritale réelle et simulée, de meurtre et de mensonges. A la fin, le couple ne copule plus, mais Amy tient Nick avec une dernière ruse, éternelle copule : la grossesse. Après tout, la honte publique et médiatique, les menaces, les accusations, la haine est tout ce qu’il peut possiblement ressentir pour elle. Mais, sur ce plan final, ses yeux disent quelque chose d’autre. Dès lors, l’amour a changé de vitesse : le jeu de l’amour les a avalés et recrachés tous deux également, mais dans le processus, il a trouvé sa métamorphose finale, éternelle : l’amour du jeu.

Crédits image : 90percenttrue

Publication originale sur LILA Parapluie

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